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Il y a quelques années, j’ai écrit cette publication sur Facebook (ne vous inquiétez pas, vous ne serez pas horrifié ni ne
sentirez le besoin de prendre un bain après sa lecture). Elle était à une conférence annuelle, et nous avions développé une tradition où j’écrivais quelque chose chaque soir de son absence sur Facebook pour les divertir, elle et ses amis (et donner à d’autres l’occasion de s’interroger sur ma santé mentale). Voici le texte de la publication :
Encore une fois, Dana [c’est ma femme] a choisi d’abandonner sa famille (sauf Noah qui s’est enfui en Ontario, car il savait ce qui allait arriver) [NDLR : Mon fils cadet, Noah, a quitté le nid familial. J’étais bouleversé, mais c’est une autre histoire – une histoire triste et pathétique. Mais, revenons à nos moutons] pour une séance de réflexion annuelle. Et bien qu’elle ne soit qu’à quelques kilomètres de chez nous, à St. Albert, nous sommes désespérés, perdus, démunis, inconsolables et bien d’autres mots encore. Mais surtout, nous avons faim… tellement faim. Il y a des boîtes et des conserves dans la maison, mais que contiennent-elles? Elles sont comme la tombe de Toutankhamon avant Carter – caché, mystérieux, énigmatique. Elle ne sera absente que pour quelques jours; la famine n’est donc qu’une crainte modérée. Mais on entend le son des tambours de la famine… des tambours, des tambours venant des profondeurs. Nous ne pouvons pas sortir. Une ombre se déplace dans l’obscurité. Nous ne pouvons pas sortir. Elle s’approche…
En général, ces publications (et il y en a d’autres – tellement plus nombreuses, tellement pathétiques) tournaient autour de mon incapacité totale de cuisiner ou de m’occuper de mes fils. Cela lui procurait beaucoup de plaisir de sentir que je n’étais rien sans elle, une sorte d’objet flottant ballotté par les vagues de la vie sans sa présence d’ancrage; comme un insecte sur le pare-brise de l’univers.
En fait, elle ne pense pas du tout que je suis incompétent (du moins c’est ce que je crois), mais je n’ai jamais été ni prétendu être un cuisinier particulièrement doué (je n’arrive même pas à la cheville de l’inepte nettoyeur de marmites au resto du coin). Je peux toutefois faire du riz, mettre une pizza congelée au four ou faire bouillir des pommes de terre! (Oups – non, je ne peux pas bouillir des pommes de terre. J’ai brûlé la casserole la dernière fois que j’ai essayée). Mais quand j’écrivais ces publications, elle se sentait utile et qu’elle nous manquait.
Et c’était le cas, comme le nez au visage, mais c’est vrai!
Je le sais – car elle me l’a dit – que je lui ai manqué presque autant (soyons réalistes) lorsque j’étais en mission en Afghanistan. Je ne lui manquais pas beaucoup lorsque je participais à des exercices ou lorsque j’étais en ST. En fait, elle anticipe vivement mes départs. Et oui, c’est un peu démoralisant d’entendre sa femme dire « Tu repars bientôt? » avec la même impatience qu’un enfant qui attend Noël. Mais je sais que je lui manque (je crois).
Cependant, quand je suis absent, je ne me préoccupe pas au sujet de la maison, des enfants, de l’hypothèque, des finances, des chats ou des voitures. J’ai entièrement confiance en ses capacités à faire face à la situation. Et croyez-moi, pour avoir entendu le contraire de la part de militaires au sujet de leur conjoint, je sais à quel point c’est une bénédiction.
Mais arriver à une situation où les deux conjoints ont confiance en l’autre prend du temps, des efforts et de la ténacité. Le mariage – ou toute relation sérieuse – n’est pas facile (demandez à ma femme), mais il s’agit de notre relation la plus importante. Il faut s’assurer que la relation ne se contente pas d’exister comme un pot de fleurs en plastique, mais qu’elle puisse croître comme un jardin.
Je suis marié depuis plus de 30 ans (je ne veux aucun commentaire sur mon âge), et si je peux contribuer à une telle réussite (sans vouloir me vanter), tout le monde peut le faire!
Mais c’est surtout grâce à ma femme.