The Courier

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En 1794, William Blake a écrit un poème très connu, intitulé « Le Tigre », qui fait partie du recueil Chants d’expérience. La cinquième strophe se lit comme suit :

 

Quand les étoiles abandonnèrent leurs lances,

Et trempèrent le ciel de larmes,

A-t-il souri de l’œuvre accomplie?

Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer?

 

En 1789, il a également écrit le recueil Chants de l’innocence, une œuvre en contraste avec les Chants d’expérience. Le poème intitulé « L’Agneau » est souvent considéré comme l’élément de contraste principal entre les deux cycles de poésie. Celui-ci ne fait pas seulement référence au Christ, appelé « l’agneau de Dieu », mais aussi à la vulnérabilité de la bête. Extrait de la première strophe :

 

Petit agneau qui t’a fait

Sais-tu qui t’a fait,

Donné vie et conduit

Près du fleuve ou sur les prés;

Donné ta toison soyeuse,

Douce toison de laine brillante;

 

À notre époque, où nous vivons dans un monde plus cynique, voire désabusé, le contraste entre le tigre et l’agneau n’est pas si choquant. C’est un simple fait de la vie.

 

D’une certaine manière, William Blake songe aux différences flagrantes caractérisant la création et la relation de Dieu avec la création. La même main divine a façonné le petit agneau et le redoutable tigre. Que cela vous révèle-t-il au sujet de cette main divine? Cela nous apprend au moins que Dieu est à la fois vulnérable et fort, raison pour laquelle les deux se révèlent dans la création.  


Je trouve intéressant de noter que, dans la symbolique chrétienne, le lion représente le Christ. (Aslan, du roman intitulé « Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique », correspond tout à fait à cette tradition symbolique.) Pour sa part, William Blake parle du tigre pour accentuer le contraste entre la faiblesse et la force. Le tigre est la « force », le « feu » et ne peut être vaincu aisément. Nul ne se promènerait dans la jungle de Sumatra comme s’il était à la plage!


En lisant la façon dont Blake décrit le « tigre », nous ressentons un certain degré de menace, de danger. La juxtaposition de l’agneau souligne l’apparente contradiction entre le fait que la même main puisse créer à la fois de la douceur et une force physique menaçante. Et pourtant, il en est ainsi.


Nous vivons tous des moments de vulnérabilité et de force. Nous constatons également que le monde recèle à la fois de grandes beautés et de grands dangers. Cependant, nous ne les attribuons pas souvent à Dieu. Il est facile de comprendre comment Dieu peut être à la fois fort et source de beauté, mais il est moins facile de le considérer comme vulnérable


Lorsque nous cherchons à nouer une relation avec quelqu’un, pour qu’elle soit réelle, nous devons être ouverts et sincères. Nous devenons vulnérables. En se révélant par la création, Dieu est ouvert et sincère.

La vie est très variée, mais il y a aussi des « points faibles » qui peuvent être source de confusion et de chagrin pour tous lorsque des choses incontrôlées se produisent. Ici, Dieu nous parle « comme un homme parle à son ami ». (Ex. 33:11; Isa. 41:8) 

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