Photo d’archive
Il y a quelques années, je me suis rendu à Wainwright (j’en avais des tremblements et des flashbacks tout au long du trajet) afin de participer à une entrevue avec deux candidats au poste d’aumôniers de la Force régulière. Nous nous sommes assis dans une ambiance très amicale, puisque nous sommes tous amis ici, et nous avons commencé à leur poser des questions approfondies : « Vous êtes aumônier dans une unité et un soldat vient vous voir et vous dit : « Aumônier, ma petite amie vient
de découvrir que j’ai une femme, et ma femme vient de découvrir que j’ai une petite amie. Je suis dans une situation difficile! Que dois-je faire? » Évidemment, la réponse est : « Priez. Ensuite, quittez le pays et recommencez une nouvelle vie en Albanie sous un autre nom. »
Évidemment, je plaisante. Pas au sujet de l’histoire – j’en ai entendu plusieurs similaires, malheureusement – mais au sujet de présenter ce scénario à ces futurs aumôniers aux yeux ébahis. Bien entendu, nous ne présenterions jamais un tel scénario, car nous ne souhaitons pas les effrayer avec des histoires dramatiques. Je préfère qu’ils découvrent par eux-mêmes à quel point l’humanité est alambiquée et constitue un désordre impressionnant.
Cependant, je m’éloigne du sujet. Le processus d’entrevue m’a rappelé à quel point mon enrôlement dans les FAC avait été long et fastidieux. J’ai d’abord passé près de cinq ans à essayer de rejoindre la Force de réserve en tant qu’aumônier. C’est long, n’est-ce pas? Tous les documents expiraient à plusieurs reprises, se perdaient, et personne ne pouvait m’expliquer pourquoi le processus était plus lent qu’un escargot en février. Tout cela était très frustrant, fatigant et décourageant. (L’histoire est beaucoup plus longue, mais je vous en présente une version abrégée, car je n’ai pas le temps de vous raconter ce récit ennuyeux et interminable.)
Après avoir beaucoup réfléchi et prié, j’ai vécu ce que les théologiens appellent une « épiphanie » (une révélation de Dieu). Sérieusement! J’ai ressenti très fortement que Dieu me disait de ne pas poursuivre dans cette voie. Je ne l’ai donc pas fait. Quelques mois plus tard, l’aumônier de Meaford (que je n’avais jamais rencontré) m’a appelé à l’heure du souper, comme un télévendeur, et n’a pas voulu me laisser tranquille. Il était convaincu que Dieu m’appelait à devenir aumônier dans les Forces armées canadiennes, mais lorsque j’ai tenté une nouvelle fois ma chance dans la Force de réserve (juste pour le faire taire), et qu’une fois de plus, le processus a avancé à pas de tortue, il a admis que j’avais raison. Il a ensuite déclaré : « Dieu vous appelle à rejoindre la Force régulière! » Je suis certain que les agriculteurs de Biggar, en Saskatchewan, ont pu entendre mes yeux rouler.
Cependant, après beaucoup de persuasion et de pression, et grâce au soutien sans faille et aux encouragements de ma femme, j’ai fini par comprendre que Dieu m’appelait à exercer ce rôle.
Donc, si vous cherchez quelqu’un à blâmer pour ma présence parmi vous : Dieu, l’aumônier Mike Allen (il est à la retraite, vous ne pouvez donc pas le harceler avec des courriels de colère), et ma femme (ne lui envoyez pas de courriel, elle vous fixera avec un regard d’acier et je serai dans de beaux draps).
Quoi qu’il en soit, ce que je veux dire, c’est que la vie est souvent (du moins, il me semble) une succession de défis, d’embouteillages et d’inexplicables blocages qui nous empêchent d’avancer. Souvent, il est difficile de comprendre pourquoi les choses n’avancent pas, pourquoi rien ne semble changer, pourquoi nous semblons figés dans le temps, comme un moustique préhistorique. La persévérance est de mise. Il faut aussi faire preuve d’une grande patience. Bon, je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai de la persévérance (ou de l’entêtement, une obstination teutonique), mais de la patience? Pas vraiment. J’ai perdu patience en rédigeant ce message, alors j’imagine ce que vous devez ressentir en le lisant. Cependant, si le monde militaire nous enseigne quelque chose, c’est bien la persévérance et la patience. Ces deux qualités sont indispensables, non seulement au sein des FAC, mais également dans la vie en général.
Ainsi, lorsque les choses avancent à nouveau à pas de tortue, respirez profondément, prenez du recul, réévaluez la situation et puisez dans vos réserves de patience et de persévérance.