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Hawaï est magnifique : palmiers, plages de sable, temps chaud et ensoleillé, délicieux cocktails et alertes de missile nucléaire. Tout y est.
Oui, vous avez bien compris. J’étais à Hawaï lorsque l’alerte au missile a été déclenchée dans tout le pays, il y a cinq ans ce mois-ci. L’alerte a été diffusée sur tous les téléphones cellulaires vers 8 h et, pendant 38 minutes, tout le monde s’est dit : « Ça y est! C’est le grand coup! Je rentre à la maison, maman! » Tout le monde sauf nous. Lors de notre voyage, tous les six, nous n’étions pas rivés sur nos cellulaires et nous n’avons donc pas vu l’alerte pendant plus d’une demi-heure. Lorsque nous avons enfin appris la nouvelle, nous étions dans un état de confusion totale pendant quelques minutes, en proie à des sentiments surréalistes et je me suis retrouvé en colère : il était HORS DE QUESTION que je meure avec cet aumônier (avec qui nous étions en vacances)! Je l’aurais poussé par-dessus la balustrade de notre appartement du 8e étage pour pouvoir mourir en paix. Heureusement, ils ont retiré l’alerte à temps (c’est-à-dire à temps pour lui). Et là, je me suis retrouvé un peu triste – j’avais aimé imaginer son saut de l’ange dans la piscine.
Vous imaginez peut-être que j’étais effrayé, que je chantais des hymnes, que je priais, que je pleurais comme un petit enfant à qui l’on a dit que le père Noël n’existait pas, ou tout cela à la fois. Curieusement – et c’est peut-être lié à la brièveté de la période pendant laquelle nous avons été conscients de la « menace » – je me souviens très peu de ma réaction (autre que « Je ne mourrai pas avec lui! »). Donc, soit je suis plus courageux que trois bataillons d’infanterie, ou je suis simplement stupide . Ni l’un ni l’autre n’est vrai (enfin, je peux être assez bête, mais pas à ce point). Je pense que je n’ai pas trouvé la menace très crédible ou que je n’ai pas pu l’accepter comme réelle. Est-ce de la foi? Peut-être. Ma première réaction, j’ai honte de l’admettre, n’a pas été de prier ou même de prendre ma femme dans mes bras. Je me souviens que nous avons tous dit : « Il y a de pires endroits pour mourir. »
Ne vous inquiétez pas, je ne me dirige pas vers un sermon sur les flammes de l’enfer, le repentir et la fin prochaine. Il faut dire que j’ai vu des gens incroyablement paisibles au bord de la mort, et tout cela à cause de leur foi. Je ne pense pas qu’il soit possible de prédire avec certitude comment une personne réagira face à une menace ou à la mort (même si c’est au milieu de palmiers et de collègues aumôniers agaçants). J’ai entendu maintes et maintes fois des vétérans et lu de nombreux témoignages, et le consensus semble être que tant qu’on n’y est pas confronté, la façon dont on réagit est un point d’interrogation. Et cela a causé beaucoup d’anxiété chez de nombreux soldats. Ce n’est pas tant qu’ils ne veulent pas être perçus comme des lâches, c’est surtout qu’ils ne veulent pas décevoir leurs camarades. Et dans la grande majorité des cas, ils ne l’ont pas fait. L’entraînement fait son œuvre, les émotions sont engourdies ou la colère tombe sur eux comme un voile (je sais ce que c’est – je vois encore cette balustrade).
Beaucoup d’entre nous ne participeront jamais à un combat, mais nous pouvons être confrontés à une menace ou subir un traumatisme à la suite d’un accident, d’une maladie ou d’autres raisons. Beaucoup ont déjà participé à un combat. La façon dont nous faisons face à ces événements, à notre propre mortalité, n’est pas un cas de bravoure; c’est plus profond que cela. Et oui, la foi joue un rôle plus important que certains ne le pensent.
Je ne m’attendais pas à contempler la mort à Hawaï, mais la plupart d’entre nous ne s’attendent pas, ou préfèrent ne pas s’attarder, sur ce qui arrive inévitablement, n’est-ce pas?