The Courier

Réflexions de l’aumônier: Amertume et cynisme

par | Juil 3, 2024 | Nouvelles en vedette, Nouvelles locales

Photo d’archive

À l’époque où j’étais encore à Edmonton, notre équipe a accueilli dans ses rangs un nouvel aumônier tout frais tout neuf. Il n’avait même pas encore fait son instruction élémentaire! (On nous avait d’ailleurs demandé de ne pas lui gâcher la surprise et de le laisser découvrir par lui-même

Padre (Major) Howard Rittenhouse – Photo d’archives

les joies et merveilles de cette expérience.)

Je dois admettre que ce nouvel aumônier m’avait bien impressionné (et je ne le suis jamais facilement, à moins que ça brille!) par sa prévenance, son sens de l’humour, son autodérision et sa volonté d’apprendre. Je me disais aussi que nous aurions tôt fait de le libérer de ces mauvaises habitudes.

Alors que je lui faisais faire le tour de la base (magasins de vêtements, QG, présentation de l’aumônier de la 3 Div), nous sommes retournés à la chapelle pour dîner, et l’un des aumôniers présents nous a régalés de quelques bêtises commises par un soldat. Par après, j’ai confié à notre nouveau collègue : « Comme je le dis toujours, les gens sont d’une stupidité! »

Maintenant, je vous demande : cette observation lapidaire vous semble-t-elle cynique?

Probablement que oui. Comme le mentionnait innocemment l’une de mes collègues commises à Edmonton : « Imaginez à quel point il serait grincheux s’il n’avait pas Jésus dans sa vie! ». Un commentaire que j’avais trouvé très drôle – et honnête. Je l’ai d’ailleurs remerciée pour sa franchise.

Mais il reste qu’elle avait raison. Au cours de ma vie, je reconnais être devenu un peu cynique, un peu blasé et un peu sceptique. La vie a tendance à servir de gros tas fumants… d’une substance malodorante, et l’on doit s’adapter, faire avec, et aller de l’avant.

Bien sûr, c’est plus facile à dire quand on ne se trouve pas plongé jusqu’au cou dans cette pile odorante. Par exemple, vous avez peut-être reçu une affectation que vous redoutiez et vous devez maintenant composer avec BGRS. Ou bien vous vivez la désintégration de votre mariage (voire d’un deuxième mariage). Ou encore, un diagnostic médical met peut-être votre carrière – ou votre vie – en péril. Ou peut-être vivez-vous des problèmes avec vos enfants ou ceux de votre conjoint ou conjointe – la recomposition des familles peut s’avérer extrêmement difficile. Ou c’est peut-être le vieillissement de vos parents, qui se trouvent à deux, trois ou quatre provinces de vous et dont la santé est fragile, qui vous remplit d’angoisse et d’inquiétude.

Quelle que soit la source de tension ou de stress – et il peut y en avoir plus d’une – de telles situations peuvent vous rendre un peu plus cynique, en colère, irritable, difficile à côtoyer et tout simplement amer. D’autres personnes ne semblent pas avoir la vie aussi dure.

Cela dit, tout est une question de point de vue. Comme le dit un vieux proverbe : « Je me plaignais parce que je n’avais pas de souliers jusqu’à ce que je rencontre un homme qui n’avait pas de pieds. » Par cela, je ne veux pas dire que ce que vous vivez est insignifiant, mais plutôt qu’il est souvent possible de trouver quelqu’un dont le fardeau est bien plus lourd que le vôtre. Néanmoins, la charge que vous portez est bel et bien un fardeau, et après des kilomètres, cette charge peut sembler encore plus lourde. Lorsqu’il ne semble pas y avoir de fin en vue, cette charge ne fait que s’alourdir davantage.

Permettez-moi donc de vous encourager en vous disant que vous n’avez pas à porter ce fardeau par vous-même. Vous pouvez compter sur le soutien de votre famille, de vos amis et des FAC (par l’entremise des services de santé mentale, de travailleurs sociaux, du PAMFC, du CRFM et d’autres services aux divers acronymes). Nous devons partager le fardeau de chacun et ne pas cheminer seuls dans ces difficultés. Personne ne devrait avoir à porter tout ce poids sur ses épaules. Et si vous ne savez pas vers qui vous tourner, appelez-moi.

Enfin, vous pouvez choisir la façon dont vous réagissez aux petits cadeaux de la vie : avec résilience et détermination, ou avec amertume et cynisme. Optez pour la première solution.

Après tout, vous ne voulez pas finir comme moi, n’est-ce pas?

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