Photo d’archive
Une fois de plus, le calendrier perpétuel permet d’attraper une dinde de 30 livres. Oui, c’est l’Action de grâces! Lorsque les pèlerins ont posé leur coque sur le sable du « Nouveau Monde » le 11 décembre 1620, ils ont choisi un bien mauvais moment pour arriver dans ce qui allait un jour devenir le Massachusetts. Un vent hivernal et glacial soufflait sur le paysage, et les pèlerins ne pouvaient évidemment pas planter de cultures et les récolter à temps; ils devaient donc survivre avec les réserves qu’ils avaient apportées.
À l’automne suivant, leur situation n’est guère meilleure : 46 d’entre eux sont morts, principalement du scorbut et de pneumonie.
Néanmoins, les survivants avaient une raison d’être reconnaissants : une récolte abondante. Ils étaient vivants, en grande partie grâce à l’aide des populations autochtones locales.
Cet automne-là, ils ont donc récolté du maïs et de l’orge, et leur nouveau gouverneur, William Bradford, a proclamé un jour d’action de grâces dans leur petite ville.
Le gouverneur envoya « quatre hommes chasser le gibier à plumes », et les canards et les oies qu’ils ramenèrent s’ajoutèrent à la venaison, aux homards, aux palourdes, à l’achigan, au maïs, aux légumes verts et aux fruits secs lors d’une fête qui dura trois jours (non, il n’y avait ni tarte à la citrouille, ni sauce aux canneberges, ni dinde – des produits qui ont été ajoutés plus tard à notre garde-manger). Fait peu connu, la dinde est en fait un hybride stérile de l’oie et de la pintade, un véritable oiseau de Frankenstein. Grincheuse, agressive et tout simplement odieuse, la dinde n’est pas digne de confiance et peut percer un coffre-fort en moins de trois minutes…
La rédaction tient à présenter ses excuses pour la diatribe précédente concernant les dindes. Bien entendu, les dindes domestiques descendent de la volaille sauvage que l’on peut observer dans les peintures bon marché.
Le menu ne comprenait pas non plus de produits laitiers, car les pèlerins étaient véganes…
Non, non, ce n’est pas possible! Les rédacteurs en chef exigent que l’auteur s’en tienne aux faits. Aux faits, Monsieur!
Bon, oui, le menu ne comprenait pas de produits laitiers, parce que les pèlerins n’avaient pas emmené de bétail à bord du Mayflower. Ils ne sentaient pas non plus l’arôme du pain fraîchement cuit ou des petits pains croustillants… mmmmm, des petits pains croustillants généreusement tartinés de beurre frais, fumants lorsqu’on les rompt, envoyant des vagues de plaisir gastronomique dans les veines… [s’ensuivent des bruits de bagarre].
Les rédacteurs en chef [qui ajustent leur cravate] ont brutalement mis l’auteur précédent à la porte. Avec toutes nos excuses, nous avons engagé un nouveau rédacteur à grands frais et à la dernière minute.
Il n’y avait pas de pain, car leurs réserves de farine étaient épuisées depuis longtemps, et des années allaient s’écouler avant que l’on réussisse à cultiver des quantités importantes de blé.
Les colons étaient tout de même reconnaissants. Quelques années plus tard, en 1636, dans les ténèbres de la guerre de Trente Ans, un pasteur allemand, Martin Rinkart, aurait enterré 5 000 de ses paroissiens en un an, soit une moyenne de 15 par jour. Et pourtant, au cœur des ténèbres, il s’est assis et a écrit cette grâce pour ses enfants :
Maintenant, nous remercions tous notre Dieu Qui, des bras de notre mère,
Avec le cœur, les mains et les voix, Nous a conduits sur notre chemin
Qui a fait des merveilles Avec d’innombrables dons d’amour
Dont ce monde se réjouit Et qui est toujours nôtre
aujourd’hui.
Voilà quelqu’un qui comprend la véritable action de grâces : malgré la mort, l’obscurité et la guerre, il pouvait encore trouver l’espoir et la guérison. Puissiez-vous, vous aussi, connaître l’espoir et la guérison, et pas seulement à l’occasion de l’Action de grâces.