Susan, Pat, Mike et Bob Petryk (au centre) ont été rejoints par le président de l’Université de l’Alberta, Bill Flanagan (à gauche), la proviseure, Verna Yiu (deuxième à gauche), la doyenne, Brenda Hemmelgarn (deuxième à droite), et le président de la faculté de médecine dentaire, Paul Major (à droite), lors d’un événement organisé le 10 septembre pour commémorer le nom de la Mike Petryk School of Dentistry. (Photo : Alex Pugliese)
Les étudiants en médecine dentaire reçoivent de nombreux conseils judicieux tout au long de leur formation : vous devez aimer les gens pour bien faire votre travail. Mettez toujours les patients au cœur de vos préoccupations et les affaires prospéreront d’elles-mêmes. Les sourires de patients heureux sont la meilleure publicité de type bouche-à-oreille qui soit.
Mike Petryk a été très attentif à tout cela lorsqu’il était étudiant en médecine dentaire à l’Université de l’Alberta dans les années 1950. Une autre perle qu’il a dénichée : En tant que chefs d’entreprise indépendants, les nouveaux dentistes doivent rembourser leurs dettes d’études le plus rapidement possible et commencer à épargner pour leur retraite.
Aujourd’hui, après une carrière de plus de 40 ans en médecine dentaire et une activité secondaire dans l’investissement immobilier à Calgary, M. Petryk espère inspirer les futurs étudiants à marcher sur ses pas. Son épouse Pat et lui ont fait un don de 10 millions de dollars à la nouvelle école de médecine dentaire Mike Petryk lors d’une cérémonie sur le campus aujourd’hui.
« C’est extraordinaire et je suis très fier de redonner à la société », dit M. Petryk. « En médecine dentaire, on peut aider les gens et voir les résultats de son travail.
« Si vous aimez votre travail, vous irez loin. »
Les dons philanthropiques comme ceux des Petryk permettent à l’Université de faire vivre des expériences exceptionnelles aux étudiants, de faire de la recherche et d’offrir des soins aux patients, selon Paul Major, professeur et président de la faculté de médecine dentaire.
« Nous sommes très fiers que le nom de Petryk soit associé à notre école », déclare M. Major. « L’objectif de Mike Petryk était de fournir des soins de qualité à ses patients, et non de gagner de l’argent. Les patients passent avant tout, et servir les patients était sa plus grande priorité. »
« L’éducation permet d’améliorer sa vie. »
Mike Petryk est né en 1934 au sein d’une famille d’immigrants ukrainiens, Mary et Anton, qui se sont installés à 180 km au nord-est d’Edmonton, près de Grassland, en Alberta. Située sur les deux quarts de section de terre accordés à la famille Petryk, la première maison de Mike était une maison en rondins sans isolation, ni plomberie, ni électricité.
« L’eau courante provenait d’un ruisseau tout près », se souvient M. Petryk en riant. « Papa se levait toujours le premier le matin pour alimenter le poêle. Mon frère et moi dormions ensemble dans le même lit pour rester au chaud et nous étudiions à l’aide d’une lampe à huile de charbon. Je n’ai jamais utilisé le téléphone avant d’arriver à Edmonton. »
Mike est le quatrième d’une famille de sept enfants, le premier né au Canada. Il est le premier de la famille à aller à l’université, mais il ne sera pas le dernier. Des dizaines d’autres membres de la famille ont par la suite fréquenté l’Université de l’Alberta, notamment les jeunes frères et la sœur de Mike, Harry, Sylvester et Nancy Petryk.
Mike a inspiré sa belle-sœur Carol Winnick et son neveu Steve Petryk et les a encouragés à devenir dentistes.
« Même si mes parents n’avaient pas fait d’études, ils savaient que l’éducation était le meilleur moyen d’améliorer sa vie », se souvient Mike, évoquant les difficultés auxquelles étaient confrontés les agriculteurs dans les années 1930 et 1940.
Avoir à étudier après l’école était une excuse acceptable pour échapper aux travaux de la ferme, se souvient-il, et il a donc pris ses études très au sérieux. L’école, qui n’avait qu’une classe, se trouvait cinq kilomètres de la maison. Craignant que Mike ne soit trop jeune pour se rendre seul à l’école, sa mère le garde à la maison jusqu’à ce que son jeune frère Harry puisse l’accompagner, à pied ou à cheval.
« S’il y avait un blizzard, nous nous couvrions le visage, et le cheval savait comment retourner à la maison tout seul. Il était aussi impatient que nous d’arriver à destination. »
Le frère de Mike, Syl, était un as des mathématiques, et Mike s’est découvert une passion pour les sciences. Il savait qu’il aurait besoin de la biologie comme prérequis pour entrer à l’université, mais comme l’école de Grassland n’offrait de type de cours, il a dû suivre des cours de biologie par correspondance.
« Lorsque nous étions au secondaire, le directeur nous a dit : « On peut vous enlever tout ce que vous avez, mais on ne pourra jamais prendre votre savoir » », se souvient Mike.
Mike a été nommé major de sa promotion, mais affirme humblement que « ce n’était pas difficile parce que nous n’étions que huit. » Une visite chez le dentiste lors d’un été lui a donné envie de faire carrière en médecine dentaire, et il s’est donc inscrit en sciences à l’Université de l’Alberta.
« Comme une réunion annuelle avec mes patients »
En quittant la ferme pour la ville, M. Petryk a vécu un véritable choc culturel. Ville animée et classes remplies d’étudiants; tout était nouveau pour lui, mais il a persévéré.
« Parfois, je craignais de ne pas réussir, mais tant que j’étais dans la moitié la plus performante du groupe, je ne m’inquiétais pas trop », dit-il. « Bien sûr, la notion de protection des renseignements personnels n’existait pas à l’époque. Les notes étaient affichées sur le mur, de sorte que tout le monde savait exactement quel pourcentage vous aviez obtenu. »
Mais dès qu’il a commencé à apprendre les aspects pratiques de la médecine dentaire, Mike a su qu’il avait fait le bon choix. « Je n’avais aucune crainte, car nous étions tous ensemble dans la clinique. »
Le père de M. Petryck a pu payer sa première année d’études et son loyer, jusqu’à ce qu’il puisse gagner de l’argent en trouvant un emploi d’été dans la sylviculture, et il lui en est très reconnaissant. Pour sa deuxième année, Mike s’est enrôlé dans les forces canadiennes, qui ont payé ses études universitaires; en retour il a servi en tant que dentiste militaire pendant quelques années après l’obtention de son diplôme. Il a été affecté à la BFC à Cold Lake à titre de capitaine pour fournir des soins dentaires à tout le monde sur la base.
C’est là qu’il a rencontré Pat Winnick, qui travaillait comme enseignante sur la base. Ils se sont vus à la salle à manger, et Mike lui a demandé si elle aimerait être sa partenaire de danse carrée. Elle a tout de suite accepté.
« Dans le cas bon nombre de gars, prenez-leur la main et vous constaterez qu’elle est moite. Celle de Mike était si belle, si propre et si douce que j’avais envie de danser avec lui! »
Ils continueront à danser tout au long de leur vie commune, entre autres, lors de la cérémonie d’ouverture des ‘88e Jeux olympiques : ils étaient l’un des quelque 500 couples participant à la danse carrée au stade McMahon.
Mike travaillait la journée sur la base et dans une clinique privée en ville les soirs et les fins de semaine afin de pouvoir rembourser sa dette et racheter son temps de service avec un an d’avance. Le jeune couple s’installe à Calgary en 1961.
Puis Mike ouvre une toute nouvelle clinique sur Elbow Drive, qui se trouvait à l’époque « au milieu d’un champ de vaches ». Mais la ville de Calgary, en pleine expansion, s’est rapidement développée autour d’eux et les patients revenaient toujours. Le patient le plus célèbre de Mike était le chanteur de musique country et western Wilf Carter. Les premiers patients venaient avec leurs enfants, voire leurs petits-enfants, pour recevoir des soins dentaires.
« Certains jours, c’était presque comme une réunion annuelle avec mes patients », se souvient Mike. En fait, mon assistante me disait parfois : « Dr Petryk, je pense que vous devriez faire un peu moins la jasette ici, sinon nous prendrons du retard ».
Mike dit qu’il est allé travailler avec le sourire pendant plus de 40 ans, pour finalement prendre sa retraite à l’âge de 69 ans.
Pat a enseigné l’école primaire et l’économie familiale pendant quelques années, jusqu’à la naissance de leurs enfants Susan et Robert (Bob). Les Petryk ont vécu du salaire de Pat et ont fait des investissements dans l’immobilier avec les revenus de Mike. L’entreprise Petwin Properties, combinaison des noms de famille de Mike et Pat (Petryk et Winnick), a été établie en 1968 avec l’achat d’un petit immeuble résidentiel.
Elle est devenue une organisation diversifiée de capital-investissement à Calgary avec des propriétés au Canada et aux États-Unis, leur fils Bob Petryk occupant le poste de président.
« Petwin était une entreprise en démarrage locale de l’Alberta qui continue à prendre de l’expansion avec des intérêts commerciaux importants dans quatre provinces et plusieurs États américains », déclare Bob. « Pourtant, au cours de 57 années de croissance rapide, la source initiale des capitaux propres de Petwin provenait du cabinet dentaire de Mike. »
« Quelque chose de nouveau chaque jour »
La famille Petryk a eu l’idée de faire ensemble un don à l’Université de l’Alberta, en hommage à la longue carrière de Mike, à son éthique de travail et à ses valeurs.
« Si nous pouvons aider les étudiants à avoir une vie meilleure et à être heureux, c’est ce que nous voulons, car nous avons eu une vie extraordinaire », déclare Pat.
- Major note que le don des Petryk aidera l’école à atteindre ses objectifs prioritaires, à savoir fournir des soins dentaires pédiatriques aux populations mal desservies.
« L’école a toujours fait beaucoup de travail bénévole pour les enfants défavorisés de la ville, et nous nous associons à diverses organisations pour repérer les personnes dans le besoin. Les dons permettent donc d’assumer le coût des soins prodigués à ces patients. Ils répondent également à un besoin éducatif pour nos étudiants, qui acquièrent ainsi une expérience du traitement des patients atteints d’une maladie grave. »
Parmi les autres priorités de l’école, citons le financement des bourses des étudiants diplômés, le soutien aux étudiants de premier cycle dans le besoin et le financement des projets de recherche de la faculté.
« Les dons de ce type confirment que nous avons des effets positifs sur la communauté et que les gens peuvent investir avec nous pour que cela se produise », déclare M. Major. « La bouche fait partie intégrante du corps. Si la bouche n’est pas saine, le corps ne le sera pas non plus ».
Susan Petryk est pédiatre à Regina, en Saskatchewan, et se dit ravie des objectifs prioritaires de l’école de médecine dentaire, à savoir servir les populations pédiatriques et mal desservies et financer la recherche.
« Dans mon cabinet, je suis fière de rendre hommage à mon père au quotidien en incluant la santé bucco-dentaire dans mes examens médicaux, en encourageant les patients à faire attention à leur hygiène dentaire et en enseignant aux étudiants en médecine et aux internes à faire de même », dit-elle.
Bob Petryk suggère aux étudiants qui se destinent à la médecine dentaire de se considérer comme des artistes, des soignants et des personnes empathiques. Il souhaite que les élèves connaissent l’histoire inspirante de son père.
« Mon père a surmonté l’adversité pour réussir, et vous pouvez le faire aussi. Il savait que pour réussir, il fallait être fiable et bon dans son travail. Il s’agit de poser des plombages bien réussis et d’entendre les gens dire que ce n’était pas douloureux et qu’ils ont vraiment aimé la conversation. »
« La médecine dentaire lui apportait chaque jour quelque chose de nouveau. »