Sophia Paré – Photo fournie
Le concours 2023 des jeunes reporters des journaux des Forces canadiennes est terminé et les quatre finalistes ont été sélectionnés. Les finalistes ont eu l’occasion de travailler avec des journalistes et des rédacteurs professionnels sur leurs soumissions et de les voir publiées dans un certain nombre de journaux des Forces canadiennes. Ils recevront également une bourse de 1000 dollars. Voici l’une des contributions sélectionnées
Lâcher prise : la plus difficile et la meilleure des décisions que l’on puisse prendre
La plupart des gens passent leur vie à chercher le sentiment de réussite. Il est parfois difficile de fixer des limites et de se rendre compte que l’on va plus loin que ce que l’on devrait. C’est dur de voir clair lorsque l’on se dégrade.
La petite fille parfaite
J’étais la petite fille la plus calme et la plus complaisante que l’on pouvait imaginer. On n’avait jamais vu quelqu’un qui souhaitait autant plaire à tout le monde. Je suis devenue la meilleure lectrice de ma classe juste pour que la personne qui m’enseignait me félicite. J’ai appris mes tables de multiplication par cœur dans l’espoir de pouvoir répondre « oui » si on me demandait si je les connaissais. C’était tellement agréable de me faire dire que j’étais la meilleure. J’ai pleuré lorsque j’ai perdu le concours d’orthographe de mon école primaire. J’avais l’impression d’être condamnée à l’échec du haut de mes 7 ans. Ça laisse présager des choses merveilleuses pour une enfant, n’est-ce pas?
En commençant le secondaire, j’étais déterminée à devenir la meilleure, une fois de plus. Quoi qu’il en soit. Je passais plus de 20 heures par semaine à faire mes devoirs et à étudier. C’était bien au-delà de ce qui était exigé pour n’importe quel examen. Je me suis enfoncée dans un cycle épuisant. Je travaillais, j’étudiais et je travaillais jusqu’à ce que j’estime qu’il était acceptable que je m’arrête, pour ensuite avoir un bref moment où je me sentais accomplie avant de recommencer. Je ne me suis jamais arrêtée. En réfléchissant à tout le travail que je devais faire, j’avais le sentiment de chavirer et de me noyer dans une tempête en mer.
La tempête
Au travail. À l’école. Je pourrais toujours être meilleure. Mes notes pourraient être plus élevées. Je pourrais travailler plus fort à mon emploi. Je pourrais même décrocher cette bourse. Si je pouvais travailler plus fort! Être privée de sommeil. Perdre mes cheveux. Qu’est-ce que ça peut bien faire!
Cette étoile or sur mon bulletin scolaire paraît bien, pas vrai? Je vais m’assurer que mes enseignantes et enseignants continuent à m’en donner. Ces tapes dans le dos ne sont pas le fruit du hasard. Je dois faire en sorte de les mériter. Je dois absolument les obtenir! Parce que… qu’est-ce que j’ai d’autre? Une vie? Bien sûr! Je ne devrais pas me faire d’illusions. De toute façon, j’ai tout sacrifié pour ça. Autant en profiter pendant que je suis au sommet.
Je veux dire, au fond de moi, je sais que ce n’est pas viable. Je ne peux pas continuer comme ça. Ça fait à peine dix ans que je suis à l’école et je sens déjà l’épuisement professionnel qui approche. Il me reste encore 50 ans avant de prendre ma retraite. C’est déprimant. Pourquoi est-ce que je pense à la retraite? J’ai seulement 15 ans. Oh, mon Dieu.
En réfléchissant à tout le travail que je devais faire, j’avais le sentiment de chavirer et de me noyer dans une tempête en mer.
Un changement s’imposait
Est-ce que ma vie va ressembler à ça? Est-ce que je vais être constamment en attente du moment où je serai enfin en paix? Jusqu’à ce que je ne me préoccupe plus des attentes des gens. Jusqu’à ce que vouloir être la meilleure ne soit plus qu’une arrière-pensée. Je ne peux pas continuer à attendre qu’un miracle se produise. Je dois faire en sorte qu’il se produise. Je le dois absolument! Sinon qui d’autre le fera? La vie ne peut pas se résumer à ça.
Quand j’ai regardé mes mains pleines de cheveux tombés, je me suis sentie dégoûtée. J’étais tellement stressée que mon corps avait commencé à s’attaquer à lui-même. C’était de ma faute. C’est à ce moment-là où tout le poids de ce que je tentais de faire de ma vie m’a frappée de plein fouet. J’étais tellement obsédée par l’idée d’être la meilleure que je me faisais du mal.
Je me suis presque sentie déraisonnable. Comment une personne qui avait tout pour elle et qui avait eu autant de soutien avait-elle pu se retrouver dans une telle situation? Je m’étais tellement concentrée sur ce que l’avenir me réservait que j’avais oublié de profiter du moment présent. Je ne pouvais pas me contenter d’attendre et d’espérer que ma vie deviendrait plus amusante plus tard. La vie, c’est maintenant. Je suis ici maintenant. Je dois vivre maintenant.
La vie peut être belle
La vie ne se résume pas à ça. C’est ce que j’ai appris. Le temps passe vite et ne peut être racheté. Certaines personnes pourraient y voir une raison
supplémentaire de continuer à travailler à un rythme inimaginable, mais je choisis de voir les choses différemment.
Je choisis maintenant de m’arrêter pour regarder les fleurs lorsque je vais quelque part. Je choisis de profiter du soleil sur mon visage. Je choisis de lire ce livre qui repose sur mon étagère en attendant que je trouve le moment idéal pour le lire. Je choisis de danser sur la musique de l’épicerie en ignorant les gens qui me jugent. Je choisis de passer des heures à faire un cardigan au crochet alors que je pourrais en acheter un. Tout simplement parce que ça me rend heureuse.
Ne vous méprenez pas, je suis toujours la même. J’aime toujours le sentiment de réussite et j’aime toujours investir du temps et de l’énergie dans mes projets. Mais je devais faire un choix. J’ai décidé d’accepter que mes notes baissent de 5 % pour me protéger, et je prendrais cette décision tous les jours s’il le fallait.
J’ai choisi d’être heureuse. La vie est vide de plaisir si l’on s’empêche de vivre des expériences. Il ne sert à rien de reporter ce qui pourrait vous rendre heureux. Je choisis maintenant de lire ce livre, de dire à cet étranger que ses chaussures sont jolies et de porter ce morceau de vêtement outrageusement coloré. Je choisis maintenant de prendre des décisions qui me rendront heureuse.
J’ai décidé que le moment idéal pour être heureuse, c’est maintenant.
CONSEILS POUR TROUVER LE BONHEUR
- Essayez de voir la vie en rose. La vie est plus agréable si l’on croit que tout finira par s’arranger.
- Allez à l’extérieur. Lorsqu’on est enfermés entre quatre murs toute la journée, il est facile de se perdre dans sa tête. Respirez l’air frais et rappelez-vous que votre bien-être est ce qu’il y a de plus important.
- Lorsque l’on étudie ou que l’on travaille sur un projet, il est parfois préférable de le laisser de côté après un certain temps. Si vous y travaillez jusqu’à l’épuisement, vous n’obtiendrez jamais un résultat satisfaisant.
- Apprenez à vous connaître et à vous fixer un but précis dans tout ce que vous faites.